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14/01/1995 - 17/06/1995

Râ dies

Le soleil n'a pas d'heure pour être vu
Il brille même sous son drap d'étoile
On le pense endormi mais il est nu
En train de rêver à un ciel bleu pâle

Il ne disparaît pas les nuits d'hiver
Quand bien même des nuages le cachent
Il suffit de fermer nos yeux ouverts
Pour que de cet écran gris il s'arrache

Et il est le même dans chaque coeur
Même chez un pauvre clochard il brille
Tout autant que pour mon père ou ma soeur
Aussi radieux que le sein d'une fille

Le soleil à chaque instant est le même
Aussi brûlant que le feu d'un baiser
Libre comme une plume que l'on aime
Un jour je m'envolerai l'embrasser

14/01/95

¿ Por que ?

Les pensées sont des chemins semés de ronces
Où les araignées vont du sol au plafond
Car aucune question n'a de réponse
Qui n'appelle une autre interrogation

14/01/95

Tendresse en temps de paix

Les techniciens de l'arbalète
Auront vit' fait de se coucher
Avant que leur âme se mette
À leur raconter nos baisers

Tu es à l'abri de leurs flèches
Lovée sous un soleil de plomb
Qui pourtant jamais ne dessèche
L'amour que j'ai pour ton prénom

14/01/95

Asymptote vers le néant

Ni Hier ni Demain ne sont différents d'Aujourd'hui
Peut-être ne l'ai-je pas assez écrit
Car on a toujours peur du lundi
Regrettant le samedi
En vivant dimanche
En pag' blanche

14/01/95

Poème aréaliste

Si les apparences sont partout dans la vie
Où est la réalité...
      ...dans la poésie ?

14/01/95

Mets angéliques

Et les Âmes se lèvent au petit jour
Quand la courte trêve du sommeil s'oublie,
Et rien n'est épargné, pas même l'Amour.
      Mais les Anges sourient !

Et dans les souterrains noirs, mal fréquentés
L'Argent règne sur le spectre de la vie,
Même la Mort s'est fait faucher tout son blé.
      Mais les Anges sourient !

Et la Bonté sincère foudroie de peur,
Et la Vérité se noie dans l'alchimie
Des discours écarlates et si trompeurs.
      Mais les Anges sourient !

Et le Temps s'évanouit toujours plus tôt
Dans des brumes absentes mais infinies,
Et les Clochers hypocrites sonnent faux.
      Mais les Anges sourient !

Mais le Soleil a vaincu des guerres pires,
Mais l'Océan sourit toujours à minuit
Sous les éclairs des Lunes prêtes à luire.
      Et les Anges aussi !

20/01/95

Illusion prédatrice

Le coyote n'est qu'un spectateur.
Il guette sa proie avec délice,
En la savourant avec lenteur,
Mais sans oser, peut-être par peur,
L'attaquer et assouvir ses vices.

Il se délecte et attend encor ;
Mais qu'attend-il, la langue pendante ?
Il faut en finir et mettre à mort
Cette proie où son désir s'endort ;
Il faut mettre fin à cette attente !

Mais il attend et attend toujours,
Et dans ses yeux reste cette image,
D'une proie sortant cuite du four ;
Mais déjà au loin celle-ci court
Lorsqu'il quitte enfin son mirage.

La proie était bell', le rêve heureux,
Mais il ne reste à présent aucune
Proie et aucun rêve délicieux ;
C'est ainsi que, dépouillé des deux,
La nuit le coyote hurle aux deux lunes.

08/02/95

Souvenirs de paupières closes

Dans l'échancrure des rêves émus,
Je perçois encor ton visage nu
Mais sa beauté plastique a disparu.

J'ai oublié le contour de tes lèvres fines
Dont j'ai tant désiré la saveur alcaline ;
Oublié le dessin de ta peau de satin,
Que j'aimais tant lisser du pinceau de mes mains ;
Et jusqu'à la couleur de tes yeux qui luisaient,
Je brûlais tellement d'y trouver mon reflet.

Tout est devenu flou comme un mirage nu...
Mais rien n'effacera, pas même l'âge,
Le souvenir du coeur de ton visage.

Car je le vois encor ce visag' flamboyant,
Toujours aussi charmant mais si inchariligne ;
Tes lèvres de vapeur me chuchotent en signe
De baisers elliptiques les seuls mots que j'attends,
Photos irrévélées dans une lumière bleue
Je te vois toujours lorsque je ferme les yeux.

17/02/95

Ébauche blanche

Le désert n'était qu'elliptique
Lorsqu'il recrachait son émoi
Ses scories apocalyptiques
Se dessinent sous d'autres toits
Évincés par l'ordre du temps
Des montagnes blanches surgissent
Au sein des dunes du Néant
Et ses grains sablés en pâlissent

10/03/95

Auto-route

La route se dessine peu à peu
Chaque pas pousse l'horizon plus loin
La fin du voyage n'existe point
Puisque l'infini fait partie du jeu
La pluie étouffe quelques fois la foi
Mais qu'importe ! les fruits seront plus mûrs
Puisque la route ébouriffe d'injur's
Ceux qui feignent de joindre son beffroi
Chaque pas fait naître un nouveau pavé
Chaque pavé appelle un nouveau pas
Comme un poème où les mots sont l'appât
Auquel mordent les vers pour exister.

11/03/95

Escroquerie de la complexité

Pourquoi inventer tant de labyrinthes
Où l'on crâne d'échapper aux squelettes,
Où l'on s'évertue à laisser éteinte
La flèche verte montrant les toilettes ?

Pourquoi garder cette fierté stupide
À chercher le ciel au bout des impasses
Quand il brille sur les chemins limpides,
Où les faux plafonds jamais ne l'agacent ?

Cette vie est simple comme une plume,
On la goudronne et l'on crie au génie
Dès que l'on parvient à couvrir de brume
Les plaines laissées encore éclaircies.

Aussi, que veulent dire tous ces mots
Que l'on tord jusqu'à l'incompréhensible ?
Quand il faudrait crier sa vie tout haut
Pour qu'elle ne manque jamais sa cible !

17/03/95

Réflexes saisonniers

Et la vie se prépare à jouer le printemps
Tout devient plus léger, les jambes se révèlent
Volontier et les coeurs respirent doucement
Bercés par l'illusion de saisons éternelles.

19/03/95

Élongation de l'imaginaire

La beauté est bariolée de flocons
Qui s'envolent sans jamais crier GARE
Vers d'autres temps, sous d'autres émotions
Puis reviennent au son d'une guitare.

La mer baigne dans l'encre bleu marine
Et ses vagues signent "je ne sais pas"
Aux rochers qui lui caressent l'échine
Les poches lourdes d'écus magenta

Deux lunes ne suffisent plus
Les rêveries bleutées naissent d'autres matrices
Et leurs corps de nouveau-né distordus
Savourent le bonheur stupéfait dont ils jouissent.

23/03/95

Deux ou trois vérités

Deux ou trois vérités sont encore présentes
Dans le grand feu de joie qui brûle les sapins
Comme un arbre qui naît sous une aurore lente
On n'entendra jamais trop tôt sonner la fin
Seules les rivières recueillent tous les mots
Dans un ordre établi, choisi par elles-mêmes
Lorsque le couperet tombe il n'y a pas photo
Pour se souvenir de la personne qu'on aime
Sans s'arrêter le tourniquet s'envoie au vent
Feignant une complicité de longue date
Puis il stoppe sa course quand au firmament
Rougit une constellation trop écarlate
Et dans un cri de ralliement les vérités
Se demandent toutes en choeur ce qui se passe
La rivière coule à rebours sans sourciller
Son eau calme s'ébouriffe dans sa tignasse.

25/03/95

L'eau éclose

Lorsque l'aurore implore ton surnom
Avec l'obscurité qui part en loque
Une cloppe lorgne en vain l'horizon
Reluquant l'aube pour que se débloque
Enfin l'obsédant halo de soleil
Ne logeant qu'un clone de ton sourire
Cherchant à se lover lors du réveil
En l'homme collé à toi à la cire

26/03/95

Caricature liquide

Excédés par les rires des alluvions
Les gouttes se déchargent nonchalamment
De cette sempiternelle obligation
D'être acquises à l'aqueux establishment

17/04/95

Que quelqu'un veuille bien m'expliquer

Le chemin est couvert de boue et de sable
Tu devras t'en relever plus capable
Que jamais de marcher sur les eaux
Naviguant sur les ondes comme un roseau
Pliant au vent qui souffle sur nos têtes
Sans jamais céder à la tempête
Les miracles serpentent dans l'absolu
Rien n'étouffera jamais tes seins nus
Si ce n'est la gravité des lunes
Lorsqu'elles tourbillonnent par infortune.
Que quelqu'un veuille bien m'expliquer
S'il existe une finalité.

22/04/95

Question de futur

Cet amour va finir par m'arracher les veines
En cisaillant mes nuits de son cri si perçant.
Je ferme bien les yeux, je ne vois que le vent,
Qui t'emporte si loin et sans la moindre gêne.

Et à califourchon sur ton coeur de sirène,
Je colporte tes yeux à la rose des vents ;
Chevauchant sans faiblir ton souvenir riant,
Je reste liquéfié d'une espérance vaine.

Qu'importe la couleur de ce nouveau chemin,
Où je vais égarer mes horizons câlins
Câlinant l'inconnu d'un vent ventriculaire ;

Et où qu'aille le train qui passe devant moi,
Il y aura toujours ce regret en arrière
De ne pas avoir bâti ma vie autour de toi.

11/05/95

Amore

Et cette sensation immensément présente
D'être traversé par un nuage complice
Ce fulgurant désir de fièvres flamboyantes
Qui viendrait envahir Dieu dans ses interstices

Ce voile que l'on pose en couchant le silence
Sur un tapis de fleurs dans la lande apaisée
Cette parole tue comme un souci d'enfance
Qui cherche dans le jeu la protection des fées

Ce frémissement chaud des paupières qui jouent
À renverser le vent pour goûter ses fibres
Ce voeux de firmament saisi sur une moue
Éclipsant le soleil sans qu'un rayon ne vibre

Ce sentiment naissant juste sous la poitrine
Qui fait briller le sang dans le sein d'une étreinte
Ce sourire vainqueur qui fait que l'on domine
Cet instant d'éternel lorsque les mains sont jointes

Cet arc-en-ciel tendu entre deux solitudes
Qui nous mène aux lunes et nous y laisse encore
Je m'y allongerais avec la certitude
Que rien n'importe plus que ce rêve d'Amore

22/05/95

Cyclotron

Et l'on s'envolera, d'un vol en spirale,
Le coeur accroché au fil bleu des étoiles

07/06/95

Stabilité malgré tout

Et si rien n'avait jamais existé
Si tout n'était qu'un mirage engendré
Par nos imaginations trop fertiles
Si nous nous étions trompés de destin
Aveuglés par nos poitrines fragiles
Qui battaient et cognaient toujours en vain
Si nous n'étions même pas encor nés
Et si rien n'avait jamais existé

Y aurait-il au fond une différence ?

17/06/95

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